Les conséquences sur notre santé, sur notre flore intestinale et même notre poids!
Les antibiotiques sauvent des vies. Il n’y a pas de doute là-dessus. Mais abuser de leurs pouvoirs en les utilisant à volonté pourrait mettre notre santé et celle des futures générations en péril.
Saviez-vous que 80% des antibiotiques utilisés de nos jours le sont pour les animaux que nous mangeons? Ces antibiotiques sont généralement utilisés pour prévenir et traiter des infections, mais ils sont également ajoutés à faibles doses dans la nourriture et l’eau des animaux afin de promouvoir une croissance plus rapide et ainsi maximiser les profits.
Saviez-vous qu’aujourd’hui un poulet commercial peut atteindre 2kg en moins de 40 jours ? Alors que nos ancêtres prenaient le double du temps pour atteindre ce même poids !
Nouvelle loi en 2016
Une nouvelle loi canadienne veut bannir l’utilisation des antibiotiques de façon prophylactique visant à promouvoir une croissance plus rapide des animaux d’ici la fin de 2016. C’est un bon pas en avant, mais c’est tout de même une décennie plus tard que la majorité des pays Européens qui requièrent, depuis 2006, que les antibiotiques ne soient utilisés qu’avec une prescription d’un vétérinaire. Ça ne garantira toutefois pas que votre viande sera complètement exempte de résidus d’antibiotiques.
Mais en attendant que ces changements soient en vigueur, quel est l’impact de ces antibiotiques sur notre santé et celle de la planète?
Résistance aux antibiotiques
Le plus gros problème avec l’utilisation massive d’antibiotiques pour les animaux élevés commercialement est le risque de favoriser le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques. À force d’être exposées aux antibiotiques, les bactéries ont la chance, par essai et erreur, de trouver des moyens de les déjouer et d’y survivre.
Mais qu’arrivera-t-il lorsque vous serez malade et infecté par une de ces bactéries résistantes aux antibiotiques, telles que le Staphylococcus aureus, l’Enterococcus faecium, l’Eschericia coli, le Campylobacter, le Clostridium difficile? Comment serez-vous traité?
Ce problème de résistance aux antibiotiques est encore relativement récent. Une étude prédit une augmentation de l’utilisation des antibiotiques dans les élevages d’animaux de 67% d’ici 2030, ce qui pourrait entraîner une augmentation parallèle du risque d’être infecté avec des microbes résistants aux antibiotiques. Notre génération a pu bénéficier de la protection des antibiotiques, ce qui a contribué en partie à l’allongement de notre espérance de vie. En sera-t-il de même pour nos enfants?
Les résidus d’antibiotiques et notre santé
Les antibiotiques sont utilisés à faibles doses pour promouvoir une croissance plus rapide des animaux. Des études animales démontrent même que des souris consommant une petite dose quotidienne d’antibiotiques gagnent beaucoup plus de poids sous forme de masse adipeuse (gras) comparativement aux souris mangeant une diète élevée en calories.
Ces résultats reflètent l’importance cruciale de notre flore intestinale pour le contrôle de notre poids. Nous savons aussi que notre flore intestinale est importante pour notre santé digestive bien évidemment, mais également pour celle de notre peau, notre système immunitaire, notre cœur et même de notre cerveau!
Les autorités nous disent que les viandes que nous consommons ne contiennent que très rarement des résidus d’antibiotiques mais si la santé de votre flore intestinale et de votre corps en entier vous tient à cœur, adopter le principe de prévention est probablement la meilleure chose à faire.
Et c’est sans compter le fait que les viandes provenant d’élevages naturels et biologiques sont beaucoup plus nutritives et n’ont pas d’effets néfastes sur l’environnement comme la viande commerciale.
Que puis-je faire?
Vous pouvez attendre que les lois changent et que les pratiques s’améliorent… ou vous pouvez être proactifs et essayer de changer ce système d’élevage animal désuet et irresponsable pour la santé humaine et de l’environnement en jouant sur la loi de l’offre et de la demande.
Refusez les viandes provenant d’élevages commerciaux utilisant des antibiotiques et tournez-vous vers les viandes élevées de façon respectueuse et responsable. Choisir du bœuf, du poulet et du porc biologique de fermes auxquelles vous faites confiance est une bonne façon de commencer à changer les choses. Après tout, nous votons avec chaque dollar que nous dépensons pour nos aliments et ce, trois fois par jour.
Aglaée Jacob, MS, RD
Auteur du livre Je me mets au paléo et du blog jememetsaupaleo.com
Références :
- Global News. Medicating Meat : What’s Canada’s plan for animal antibiotics? Juin 2015. En ligne: https://globalnews.ca/news/2035929/medicating-meat-whats-canadas-plan-for-animal-antibiotics/.
- Riley LW, et al. Obesity in the United States – dysbiosis from exposure to low-dose antibiotics? Front Public Health; 1:69. Dec 2013.
- Finz S. Antibiotic Overload : Experts Blame Livestock Use for Human Resistance, Even Obesity. UC Berkeley. Avril 2015. En ligne : https://alumni.berkeley.edu/california-magazine/just-in/2015-04-22/antibiotic-overload-experts-blame-livestock-use-human.
Bio de l’auteur : Aglaée Jacob est diététiste-nutritionniste et a obtenu un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en Nutrition à l’Université Laval. C’est lorsque sa santé a commencé à souffrir après un diagnostic de SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) et de problèmes digestifs chroniques (intolérance au gluten et syndrome des intestins irritables) qu’Aglaée s’est lancé dans une quête approfondie et sans fin pour trouver la meilleure façon de manger. L’alimentation paléo qu’elle a adopté en 2010 lui a permise de regagner sa santé et d’aider des centaines d’autres personnes à en faire de même. Elle a publié « Digestive Health with REAL Food » en 2013 (en anglais) et vient maintenant tout juste de publier son premier livre en français « Je me mets au paléo » en 2015. Vous pouvez la trouver sur son blog JeMeMetsauPaleo.com.
Avertissement: Les propos de la nutritionniste-diététiste Aglaée Jacob ne devraient pas être interprétés comme des recommandations nutritionnelles ou médicales. L’information partagée dans ses billets ne devrait jamais être utilisée pour diagnostiquer ou traiter une condition médicale et n’est donnée qu’à titre informatif. Il est suggéré de toujours discuter tout changement par rapport à votre alimentation et à votre santé avec votre médecin et équipe médicale.