Est-ce que la viande rouge peut causer le cancer ?
Petits conseils faciles et pratiques pour réduire vos risques de cancer tout en restant omnivore !
Par Aglaée Jacob, MS, RD, auteur
Vous avez sûrement déjà entendu que manger de la viande, surtout de la viande rouge, peut causer le cancer. Le problème est que ces manchettes ont pour but d’attirer l’attention et ne reflètent pas toute l’histoire entourant les études scientifiques publiées à ce sujet.
Les gras saturés ?
Certains ont d’abord décrié le contenu en graisses saturées des viandes et produits animaux mais plusieurs études récentes ont démontré que ce type de gras n’est pas problématique pour la santé du cœur et du reste du corps humain, surtout dans le contexte d’une alimentation basée sur les aliments à leur état naturel. Ce n’est même plus une controverse : même l’Académie de nutrition et de diététique est maintenant d’accord à ce sujet.
Association n’égale pas, relation de cause à effet.
Les études montrant une association entre les gens qui consomment une grande quantité de viande rouge et un risque plus élevé de cancer sont des études de type épidémiologique. Ce grand mot compliqué veut simplement dire qu’il s’agit d’un type d’étude qui nous permet de faire des hypothèses et de voir s’il y a des corrélations entre ce que les gens mangent et leur état de santé.
Toutefois, ces hypothèses doivent ensuite être testées à l’aide d’études cliniques avant d’en tirer des conclusions. Malheureusement, bien des journalistes ne semblent pas être au courant de cette nuance et nous bombardent avec des résultats d’étude qui ne devraient être pris qu’avec un grain de sel.
Voulez-vous des chips ou une salade avec votre viande ?
Une autre limitation de ce genre d’étude est que les personnes mises dans le groupe consommant plus de viande sont généralement plus sédentaires, fument davantage et mangent également une plus grande quantité de sucre, de gras trans et d’aliments transformés que les gens qui consomment moins de viande.
Pourquoi ? C’est simplement parce que la majorité de la population ne s’attarde malheureusement pas à la qualité et à l’origine de leurs aliments. Ils ne mangent certainement pas bio et mangent leur viande entre deux tranches de pain à hamburger blanc accompagné d’un sac de chips et d’une boisson gazeuse.
Est-ce que vous pensez que ces résultats peuvent s’appliquer à quelqu’un comme vous, qui mangez de la viande de qualité, de pâturage et biologique accompagnée d’une montagne de légumes et d’une bouteille d’eau minérale ou de kombucha et qui essayez de faire attention à votre santé en faisant de l’exercice et en évitant de fumer ? Personnellement, j’en doute grandement !
La cuisson des viandes à haute température peut être problématique.
Un des facteurs auquel nous devons portez attention pour réduire notre risque de cancer en tant qu’omnivore est nos méthodes de cuisson. La cuisson de la viande à haute température (griller, cuire sur le BBQ ou le feu, frire et fumer) contribuent à la formation d’amines hétérocycliques (AH) et d’hydrocarbures aromatiques (HA), pas seulement dans la viande rouge mais dans toutes les viandes incluant le poisson, le porc et le poulet.
Les AH sont formés lorsque les acides aminés interagissent avec les sucres et la créatine de la viande à haute température alors que les HA sont le résultat des jus et du gras de la viande dégouttant sur des flammes ouvertes causant de la fumée et adhérant ensuite sur la surface de la viande. Ces deux composés peuvent causer le cancer chez les humains. Des études épidémiologiques (donc pas définitives si vous avez bien lu plus haut !) montrent également un lien potentiel entre la consommation d’AH et d’HA et le cancer colorectal, du pancréas et de la prostate chez les humains.
Les meilleures méthodes de cuisson pour votre santé !
Bien qu’il n’y ait pas encore assez de données claires à ce sujet, il est probablement sage d’utiliser des méthodes de cuisson à basse température lorsque possible (mijoter, braiser, etc).
Si vous aimez profiter de la courte saison des BBQ, retourner votre viande plus souvent et retirer les portions de viande calcinée. Ces pratiques vous aideront à réduire votre exposition à ces composés potentiellement nocifs pour votre santé et celle de votre famille.
N’oubliez pas votre marinade !
Des études montrent clairement que mariner nos viandes, volailles et poisson permet de réduire la formation d’AH et d’HA durant la cuisson de nos viandes. (3,4) C’est vrai pour toutes marinades, mais encore plus si celles-ci incluent des épices et fines herbes grâce à leurs propriétés antioxydantes. Faites donc d’une pierre deux coups en donnant du goût à vos repas tout en protégeant votre santé.
Choisissez de la viande de qualité.
La viande de qualité biologique et de pâturage, tel que discuté dans un de mes billets précédents, est plus nutritive et libre de résidus de pesticides, d’OGM et d’antibiotiques. Tous ces facteurs peuvent jouer un grand rôle pour promouvoir votre santé et prévenir de multiples maladies chroniques.
De plus, la viande de ruminants nourris à l’herbe, tels que le bœuf et le bison, contient un acide gras particulier appelé acide linoléique conjugué (ALC) qui est connu pour ses propriétés anti-cancérigènes.
Remplissez vos assiettes de légumes !
Finalement, ajoutez une abondance de légumes à votre assiette pour accompagner vos viandes est une excellente façon, tout à fait naturelle, de supplémenter votre repas d’une bonne dose d’antioxydants et de nutriments anti-cancérigènes et anti-inflammatoires. Assurez-vous donc de servir une salade remplie de légumes verts feuillus avec un filet d’huile d’olive extra-vierge et de vinaigre balsamique ou de bons légumes frais grillés au four avec quelques petites noisettes de beurre (idéalement biologique provenant de vaches de pâturage) ou sautés dans de l’huile de noix de coco.
Bon appétit !
Vous pouvez maintenant savourer votre viande avec la tranquillité d’esprit !
Aglaée Jacob, MS, RD
Auteur du livre Je me mets au paléo
Bio de l’auteur : Aglaée Jacob est diététiste-nutritionniste et a obtenu un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en Nutrition à l’Université Laval. C’est lorsque sa santé a commencé à souffrir après un diagnostic de SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) et de problèmes digestifs chroniques (intolérance au gluten et syndrome des intestins irritables) qu’Aglaée s’est lancé dans une quête approfondie et sans fin pour trouver la meilleure façon de manger. L’alimentation paléo qu’elle a adopté en 2010 lui a permise de regagner sa santé et d’aider des centaines d’autres personnes à en faire de même. Elle a publié « Digestive Health with REAL Food » en 2013 (en anglais) et vient maintenant tout juste de publier son premier livre en français « Je me mets au paléo » en 2015. Vous pouvez la trouver sur son blog JeMeMetsauPaleo.com.
Avertissement: Les propos de la nutritionniste-diététiste Aglaée Jacob ne devraient pas être interprétés comme des recommandations nutritionnelles ou médicales. L’information partagée dans ses billets ne devrait jamais être utilisée pour diagnostiquer ou traiter une condition médicale et n’est donnée qu’à titre informatif. Il est suggéré de toujours discuter tout changement par rapport à votre alimentation et à votre santé avec votre médecin et équipe médicale.
Références:
- Academy of Nutrition and Dietetics. Academy Comments re The DGAC Scientific Report. En ligne: https://www.eatrightpro.org/resource/advocacy/take-action/regulatory-comments/dgac-scientific-report (obtenu le 19 juillet 2015).
- National Cancer Institute. Chemicals in Meat Cooked at High Temperatures and Cancer Risk. En ligne: https://www.cancer.gov/about-cancer/causes-prevention/risk/diet/cooked-meats-fact-sheet (obtenu le 19 juillet 2015).
- Smith JS, et al. Effects of marinades on the formation of heterocyclic amines in grilled beef steaks. J Food Sci. 2008; 73(6):T100-5.
- Salmon CP, et al. Effects of marinating on heterocyclinc amine carcinogen formation in grilled chicken. Food Chem Toxicol. 1997; 35(5):433-41.